l'art délicat du glandouillage :3 [libre]

L'art délicat du glandouillage
[Libre]

-De toute évidence vous faites partie des cas désespérés monsieur Tsukiyo…
Regard tout aussi désespéré du professeur, face au jeune homme.
…
-Hmmff
-Evidemment, je ne m’attendais pas à une autre réponse…

Shun se contenta d’un haussement de sourcil et d’un regard évasif sur son professeur de physique, résistant à l’envie de lui faire remarquer qu’il s’était amélioré. Après tout jusqu’à aujourd’hui un 5,5 rattrapait toujours les habituels 2 voire 3 qui lui étaient devenus coutumiers.
Quelques rires légers fusèrent mais s’éteignirent rapidement. Et puis maintenant tout le monde était habitué, au point que si Shun atteignait un jour la moyenne dans cette maaagnifique matière, personne ne penserait qu’il puisse avoir fait le-dit travail seul. Le jeune asiatique soupira, de toute façon il s’en fichait comme d’une guigne. A quoi bon savoir calculer les euww… choses ( ?) qui semblaient au programme cette année ? A rien n’est ce pas ?
Conclusion logique, il était normal de tout faire passer avant ces %fdg** de cours à la c**.

*Penses au Conservatoire, tu fais ça pour le Conservatoire...*

Aussi se contenta-t-il de son éternelle expression calme et imperturbable, son regard soigneusement maquillé semblant tranquillement traverser l’enseignant… qui une fois de plus poussa un soupire découragé avant de s’éloigner.
Shun passa le restant du cours le menton dans les mains, s’ennuyant mortellement.
-Le mouvement d’un corps isolé est rectiligne uniforme dans un référentiel galiléen…
Les paupières du jeune homme papillonnèrent.
-Le mouvement d’un système quelconque de N particules est ainsi obtenu par la résolution
de N équations vectorielles…
Il écrasa un long bâillement
-…différentielles du 2eme ordre, mettant en jeu 6N constantes d’intégrations, correspondant
aux positions et vitesses initiales des N particules.
La tête du garçon aux allures androgynes glissa et il se retrouva confortablement installé entre ses bras, tandis qu'il adoptait la respiration régulière du dormeur.



-Le cours est terminé.
Comme magiques ces mots réveillèrent brusquement Shun et il s’étira, balançant son sac sur son épaule avant de sortir, un sourire imperceptible aux lèvres.
*Pfiou… C’pas trop tôt. Enfin, la journée est finie ! *
Indifférent aux multiples commentaires que provoquait son passage il marcha tranquillement jusqu’à un banc un peu à l’écart où il se laissa tomber, se recoiffant machinalement d’un geste de la main.

*Je souffle deux minutes et pars retrouver mon amour de guitare... Patience ma chérie j’arrive. B) *

Se laissant quelque peu glisser, les jambes étendues, il porta un bras à sa tête avec lequel il abrita ses yeux du soleil, fermement décider à glandouiller encore quelques minutes avant d’aller retrouver son instrument fétiche.

Rebecca venait de passer toute la matinée en cours d'art appliqué, et en sortait sans que la moindre parcelle d'énergie subsiste encore dans son pauvre petit corps. Quatre heures, quatre heures entières à peaufiner le même portrait, qu'elle avait du recommencé trois fois, suite à l'exigence de son professeur. Sa main qui n'avait pas lâché le crayon était cripsée et endolorie, et elle maintenait à grand peine ses yeux ouverts.
Quand elle songeat qu'après une pause d'une heure seulement, elle devrait survivre à deux heures entières de maths cette après-midi, elle poussa un soupir profond et eut envie de se pendre sur l'instant. 120 interminables minutes à lutter pour essayer de tenter de commencer à comprendre quelque chose, généralement sans grand succès, non, ça ne l'intéressaient pas plus que ça.
Une idée germa alors dans sa tête... Elle pourrait toujours... elle pourrait, rentrer chez elle, tomber malade là tout de suite, et profiter de deux longues heures de sommeil... Cruel dilemme. Si elle voulait continuer à prétendre à cette indépendance, rester vivre ici et finir ses études d'art appliqué, elle avait besoin d'argent. Et l'argent lui venait de ses parents, qui n'attendaient que des bonnes notes dans des matières totalement inutiles. Alors quoi, se chercher un boulot, et être totalement libre? Elle y avait pensé, mais le temps lui manquait entre ses études et ses projets.
Deuxième soupir. Toutes les pensées qui assaillaient son esprit étaient bien trop nombreuses, et la jeune fille manqua de justesse de se prendre un poteau dans la figure, avant de se prendre les pieds dans le trotoir, et de s'étaler lamentablement, alors qu'elle était en route pour passer sa misérable heure de sursit à flâner dans le parc.
Convaincue cette fois qu'elle était bien trop crevée pour subir des calculs mentaux complexes sur la géométrie du dessin ou encore l'obstruation de l'angle d'arrivé de la lumière, elle se résolu à prétexter une mauvaise chute, prétexter n'étant pas vraiment le mot, vu qu'elle sentait déjà une bosse se formait au sommet de son front.
Elle était mau-di-te.

Elle dépassa alors un banc et fut incapable de ne pas reconnaître les cheveux absolument uniquement de son occupant, ainsi que son style et sa position coutimière du glandouillage sacré. Un imperceptible sourire étirant son visage, et s'écrasa lamentablement aux côtés du jeune homme, et l'observer quelques instants pour déterminer si celui-ci était encore en vie ou pas.

*Encore un peu et j'y vais...*
...
...

*Plus que deux minutes et c'est bon.*
...
*J'l'ai bien mérité après tout.*

Savourant ce moment de pur bonheur à ne strictement rien faire Shun affichait un sourire béa, laissant les quelques rayons du soleil qui avaient percés la couche de nuage le réchauffer.
Plus le temps passait moins il avait envie de bouger, à mesure qu'une petite voix intérieure lui promettait de se faire sérieusement enguirlander quand les membres de son goupe découvriraient qu'il n'avait pas suffisamment travaillé ses morceaux.

*A trois j'me lève.*

Il fronça légèrement le nez.

*Un. Deux. Tr...*

Un pouf caractéristique retentit alors à ses côtés et il jeta un coup d'oeil curieux à travers ses doigts. Il ne pouvait donc jamais être tranquille? C'est alors qu'il distingua vaguement une épaisse chevelure aussi blonde que bouclée, surmontant une paire d'yeux d'un bleu limpide le fixant.

-Beckyyy !!

Il se redressa (très) légèrement et adressa un grand sourire à la jeune fille. Il ouvrit la bouche pour prendre la parole mais s'interrompit en voyant la tête qu'elle tirait et... l'énorme bleu/rouge/violet qui apparaissait sur son front.

-Ben... Quesqu'il t'est arrivé ? On dirait que tu sors d'un camp d'entrainement intensif.

Il réprima un sourire mais le coin de ses lèvres trésaillit, tandis qu'il posait un regard affectueux sur son amie.

-Beckyyy !!

Apparement oui, Shun était toujours en vie, malgrè ce que laissait présager sa posture étrange. Il était la meilleure personne qu'elle pouvait trouver pour s'apitoyer sur son triste sort, et quand elle se souvient que le garçon devait lui-même être sorti de physique depuis quelque instants, elle comprit que tout deux pourraient se plaindre très longtemps.
Elle eut envie de se jeter sur lui pour déranger sa coiffure soigneusement organisée, et l'entendre râler un peu, mais la phrase qu'il sortit fit apparaître une expression désespérée sur son visage.

- Ben... Quesqu'il t'est arrivé ? On dirait que tu sors d'un camp d'entrainement intensif.

- Hein?? Mais, au non... C'est juste que, je viens de me ramasser sur le trottoir, et j'avais frôlais un poteau, et ce matin déjà en descendant les escaliers je...

Avisant l'expression véritablement amusée de son ami, elle se renfrogna, et tata le haut de son crâne. Aie... ça avait l'air... affreux. Prenant son courage à deux main, elle sortit un petit miroir de son sac et entreprit de constater l'étendue des dégâts. Son front semblait avoir gonflé dans le coin droit pour former une boule violâtre assez affolante. Au même moment, une douleur aigüe lui traversa le crâne et décida que c'était véritablement, mais véritablement une journée pourrie.

- Je crois que je ne sortirais plus jamais de chez moi... murmurra-t-elle, tentant de plaquer le plus de cheveux possible devant son front.

Elle observa Shun un instant, et ne pu s'empêcher de sourire quand elle vit qu'il tentait toujours de dissimuler son amusement.

- Quoi, j'ai vraiment l'air si pitoyable que ça? Baka.

Avec un grand sourire, elle lui donna un léger coup de poing dans le bras et posa ensuite sa tête sur son épaule, épuisée.

- Vas-y je t'écoute, de un à dix, combien pour ta souffrance de ce matin en physique?

- Hein?? Mais, au non... C'est juste que, je viens de me ramasser sur le trottoir, et j'avais frôlais un poteau, et ce matin déjà en descendant les escaliers je...

*C'est marrant mais ça m'étonnes même pas...*

Shin eut du mal à garder son sérieux durement acquit lorsque son amie sortit un petit miroir de sa poche pour examiner son front, ne pouvant dissimuler son rire quand elle finit par lui sourire, prenant la chose du bon côté.
Il devait l'admettre, si sa journée avait été difficile celle de Rebecca lui semblait avoir été, comment dire... pire.

- Quoi, j'ai vraiment l'air si pitoyable que ça? Baka.

Il ne releva pas l'insulte et préféra adopter un ton faussement sérieux.

-Mhmm... Disons que j'osais pas le dire mais oui, effectivement t'as l'air aussi pitoyable que ça.

Sortit de sa léthargie d'après-physique l'étudiant était heureux de retrouver la jeune femme, dont il entreprit de replacer les mèches bouclées sur la bosse récente d'un geste machinal.

- 7 ou 8. La deuxième partie du cours a été beaucoup plus facile en mode hibernation. Mais j'crois que je ferai jamais un grand scientifique.

Le garçon grimaça mais finit par retrouver son sourire, soulagé d'être sortit de cet enfer. Au moins lui était libre jusqu'au soir, et n'aurait pas a supporter des heures de maths interminables. Il fallait aussi avouer que dans son cas, même en avec ses mauvaises notes papa-maman payaient, seule chose qu'ils semblaient être capables de faire selon le jeune homme, un brin amer.

-Et toi ces cours ? Cette après-midi risque de t'achever, à ta place j'me ferai pas tant de mal.

Il connaissait la situation de Rebecca mais savait aussi que quand on était nul d'avance, la fatigue n'arrangeait pas les choses (pour cause il avait déjà testé). Et puis la voix des professeurs était si magiques... quelques minutes suffisaient pour vous faire bailler à s'en décrocher la mâchoire.