Une irrésistible envie... [Teminé]

11h00 PM

La séance photo était terminée depuis quelques temps déjà mais il avait traîné un moment avec Cliff, son photographe. Ils avaient échangé sur le photoshoot avant que Cliff ne lui retire ses vêtements - et vous imaginez la suite. Bref tout ça pour dire qu'il traversait le parc, après un bon - un très bon - moment avec son photographe, pour rentrer chez lui, dans son luxueux appartement.

Il portait un jeans noir moulant ses formes généreuses et une chemise blanche un peu transparente qui lui collait au corps et laissait apercevoir son nombril. Au poignet, un bracelet aux couleurs gaies. A son cou, un ras-du-cou fait de petits coquillages. Ses cheveux, parfaitement coiffés, encadraient son visage angélique. On lui donnait le bon Dieu sans cofession!

Sauf que voilà, c'était Jason Collins. Réputé pour son comportement on ne peut plus libertin, il était connu de tous pour son homosexualité et son goût prononcé pour le langage du corps. Chaque nuit, un nouvel amant. Pas forcément un gay en plus. Parfois des hommes mariés. Parfois des hétéro qui voulaient tester. Peu lui importait de qui il s'agissait du moment qu'il pouvait prendre son pied.

Repoussant gracieusement une mèche qui tombait devant son oeil, Jason porta une cigarette à ses lèvres. Tâtant les poches de son pantalon, il remarqua qu'il avait oublié quelque chose de crucial. Il n'avait pas de briquet. Un zippo qui lui avait été offert par ses parents pour son anniversaire. En or massif avec de petits saphirs incrustés.

Pause.

11h07 PM

Debout au milieu du chemin, il tournait sur lui-même, cherchant du regard quelqu'un qui pourrait l'aider à allumer sa clope. Alors il le repéra. Un beau jeune homme dont il décida de faire sa proie pour la soirée. Il rangea sa clope derrière son oreille et, d'un pas gracieux, se dirigea vers le jeune homme. Tout en avançat, il détailla sa cible. Un visage finement déssiné, un corps joliment sculpté, des fesses follement mises en valeur. En bref, il lui plaisait bien.

Alors qu'il arrivait à sa hauteur, il posa une main sur son épaule afin de l'interpeler. Quoi de plus classique pour draguer que de demander du feu? Ou d'en proposer! On en était là. Le jeune homme lui plaisait. D'une façon ou d'une autre, il plairait au jeune homme. Que chercher de plus?

- 'Scuse-moi mec! commença-t-il. T'aurais du feu s'te plaît?

Deuxième clope de la soirée... peut-être bien la dixième aujourd'hui, allez savoir. Il s'était levé tard (hangover oblige) et avait passé la moitié de la journée à réfléchir sur une équation qui le bloquait. Une constante. Une simple constante de merde qui mettait à mal ses avancées. Frustrant. Très.
Et la fête de la veille n'avait pas été très sympa avec ses neurones. Encore une soirée au Blueberry, tard, très tard, à regarder les filles danser, à vider les cocktails, à fumer, et à partir avec n'importe quelle fille qui l'aurait accrochée.

Une prostituée. Quelle chance, hein? Une fille qui avait un règlement très particulier sur la conduite à tenir... EN plus il était complètement pété... Il avait donc passé une nuit à moitié à cuver, à moitié à se faire baiser par une fille dont il avait oublié le visage, le nom, la voix.

Désœuvré. Il ne se souvenait même pas avoir eu quelconque jouissance. Nan, toute la nuit avait été effacée. Blackout. Réveil difficile... Et équations qui le narguaient sur ses tableaux. Constante... Une constante qui ne va pas... De l'alcool en trop dans les veines...

Oiseau de nuit... Il ne pouvait pas se passer des sciences, de ses calculs, de ses théories. Il faisait partie de cette élite bizarre, ces gens au cerveau étrange. Mais il aimait aussi ces nuits de dérives, sous les lumières de la ville, ces mêmes nuits qui mettaient à mal ses facultés intellectuelles. Il avait besoin de repos et de calme pour travailler. Mais chaque fois il allait s'enivrer dans les bras de la nuit, et de la première fille venue...

C'était devenu une routine, en l'espace de quelques semaines. Triste image! Une routine un brin débauchée, qui ne menait nulle part, et ne le faisait avancer en rien. Il aimait le plaisir, la chair. Quand bien même il n'en aurait aucun souvenir. Que diraient ses anciens collègues? "Que c'est triste de voir un esprit aussi brillant tomber dans la déchéance". Ou quelque chose comme ça.
Perdu. Orphelin. Il avait 23 ans, mais ne se sentait pas plus âgé qu'un adolescent...

Finalement... Il rattrapait le temps perdu. Il rattrapait ses années de puberté passées à réfléchir sur les bancs de la fac. La découverte et le sexe, c'était venu après.
On n'est pas sérieux quand on a 17 ans... Pour Zeke, 17 ou 23 ans, c'était pareil.

Il en était là, dans ses tergiversations, à allumer sa seconde clope de la soirée... oou peut-être la troisième. Il traversait le parc pour aller en boite...
Mais quelqu'un posa une main sur son épaule et l'accosta...

Woo woo wooo! Qu'est-ce que c'est que ça???? On aurait dit une danseuse du Bluberry en très très viril, avec son pantalon tellement moulant que ça pourrait passer pour un collant! Mais rien à dire...

-Heu ouais... ouais, j'ai du feu...

Il lui tendit son briquet, après avoir enfin réussi à allumer sa cigarette. Il fuma quelques lattes nerveusement... *Cette CONSTANTE M'EMMERDE! PUTAIN! FAIT CHIER!*
Allez, une soirée en boite quelques litres d'alcool, quelques filles... et ça irait mieux... ça ne ferait pas avancer le schmilblik, mais au moins, il se sentirait... disons... moins sur les nerfs!

Le jeune homme fumait lui aussi. Et d'un point commun! Le jeune homme était beau. Deuxième point commun!

Premier acte.

Il plongea ses yeux dans ceux de la personne qui lui faisait désormais face. Un petit sourire charmeur lorsqu'il lui annonça qu'effectivement, il avait un briquet. D'un geste sensuel, Jason porta sa cigarette à sa bouche tout en le regardant allumer la sienne.

Deuxième acte.

Il se saisit du briquet tout en prenant bien garde à frôler les doigts du jeune sans que ça passe pour quelque chose délibéré. Tout était dans le calcul du détail. Surtout qu'aucun signe visible ne montrait que ce jeune mec pouvait être gay.

Troisième acte.

Il laissa tomber une mèche de cheveux devant ses yeux alors qu'il se penchait légèrement pour allumer sa clope. Tous ses muscles étaient en action, ses yeux à demi-clos, baissés, rivés sur ses mains pressant délicatement l'outil. Tout était fait pour que ce jeune homme désire qu'il les pose sur lui, ses mains.

Quatrième acte.

Faisant mine de ne pas réussir à allumer sa cigarette, il le regarda avec un sourire tout en secouant le briquet. Tout était dans le geste. Montrer qu'on est doué du poignet. En général, ça avait un pur effet sur les hommes. Finalement, il se pencha et alluma la clope.

Baisser de rideau.

Il rendit le briquet à sa proie tout en plongeant à nouveau ses yeux dans les siens. Il tira une première bouffée puis avant de recracher la fumée, lança juste un vague:

- Merci mec!

Les mots sortirent de sa bouche comme la douce caresse d'un amant après l'extase. Eh oui, lorsque Jason avait une cible, il mettait toutes les chances de son côté pour la faire tomber dans ses bras. Et, en général, ça marchait tout le temps. Si le plus amusant restait de les troncher toute la nuit et encore une fois, au réveil, sous la douche, les allumer n'en était pas moins éclatant. Après tout, il arrive parfois que les moyens soient aussi intéressants que la fin. Finalement, il allait rajouter une touche personnelle.

- Ta maman ne dit rien que tu sortes si tard le soir? demanda-t-il en recrachant la fumée.

Zeke était un spectateur, une proie sans le savoir. Comme il était plutôt sympa et serviable, il prêta son briquet sans demander de caution ni garanti... ni sans se sauver à toutes jambes. Pas qu'il faisait confiance à tout le monde... il était seulement... justement... un peu dans un autre monde, un monde à part où les réactions ne sont pas tout à fait les mêmes.

Le premier acte passa inaperçu. Zeke pouvait seulement remarquer que l'homme le fixait quand il lui parlait. C'était un signe de franchise, ça non? Ha, quel livre de psycho avait-il encore oublié de lire?
Le deuxième acte fut un peu plus perceptible. Zeke ne pouvait que remarquer - et sentir - les doigts de l'inconnu frôler les siens. Échange d'électrons, pour ainsi dire.

Le troisième acte fut captivant. Le jeune homme avait une gestuelle souple, fluide. C'était agréable à suivre du regard. Les yeux de Zeke s'attardèrent sur les mains, qui pressaient le briquet. Il pouvait remarquer les irrégularités et les asymétries. Il y avait une petite tâche, ou un grain de beauté presque imperceptible, mais cela rompait la symétrie... Les veines aussi, battante sous la peau. Rythme, pulsation...

Tout était quantifié. Zeke pouvait presque tracer une courbe mathématique représentant les mains de l'inconnu.

Cette courbe aurait aussi une allure d'oscillation. En effet, le briquet ne s'allumant pas du premier coup, le jeune homme se mit à le secouer... Vigueur, régularité. Ressac. Voilà, un oscilloscope. Montée, descente... ou bien va-et-vient? Métronome.
Musique. Zeke venait de calculer la vitesse moyenne.

Et qu'est-ce que ça donnait, dans un monde à 11 dimensions? Constante... Il lui manquait cette foutue constante...
Concentration brisée, feu. L'inconnu venait d'allumer, enfin, sa cigarette.

Contact... regard, une fois de plus... Frisson. Etait-ce la nuit, le vent? Ou bien un sentiment de panique qui surgissait? La gazelle allait-elle s'enfuir devant le lion? Autant eut-il fallu que Zeke perçoive et interprète comme il faut les signaux d'alerte. Mais non, Zeke se contenta de sourire, et de répondre.

-De rien.

Il rangea les briquet dans sa poche. Il releva ensuite la tête, pour croiser de nouveau le regard - troublant, pénétrant - de son interlocuteur... Etait-ce une blague? Avait-il à ce point l'air... juvénile?
Et en plus...

Il haussa les épaules. Il n'était pas d'humeur à rentrer dans le lard... puis le monde ne pouvait pas savoir!

-Je pense pas qu'elle cause souvent là où elle est.

Il tira une latte. A quoi bon ergoter? Ils allaient chacun poursuivre leur route... à part, bien évidemment. Sauf que...

Préliminaires.

Le jeune homme haussa les épaules, les yeux rivés dans les siens. Le premier filet se refermait sur la proie, attisant le désir du chasseur alerte. Nouvelle latte. Nouveau baiser. Jolie voix. Jason ne se sentit pas vraiment désolé. En fait, il s'en fichait pas mal. Cependant, avec un sourire d'excuse, il porta sa cigarette à sa bouche.

- Désolé, lâcha-t-il comme un baiser furtif sur les lèvres d'un amant en pleine action.

Il enfonça une main dans sa poche puis le détailla du regard. Fringues plutôt sympa, coupe de cheveux assez sobre mais qui avait son petit effet, visage de jeune puceau en mal d'amour. Tout pour lui plaire. Au moins ce soir. Crachant la fumée, il baissa les yeux vers le jeune homme qui portait sa cigarette à sa bouche. Suggestif. Efficace. S'il portait Jason à sa bouche aussi bien que sa cigarette...

Ivresse.

Jason entrouvrit les lèvres, les yeux plissés, incapable de fixer autre chose que le corps qui se tenait en face de lui. Une douce proie incapable de reconnaître le prédateur qui lui faisait front. Dans sa tête, la partition de la rhapsodie à venir s'écrivait à toute vitesse. Il en serait le compositeur et le chef d'orchestre, vérifiant que tous les éléments étaient bien à leurs places respectives.

- Jason Collins, mannequin. Et toi? s'autorisa-t-il à demander, mettant fin au deuxième temps de la symphonie qui se jouait ici.

Pénétration.

Portant sa clope à sa bouche, il tenta de se souvenir d'où il avat rangé plusieurs choses importantes pour le reste de la soirée. Attendant la réponse, il croisa les bras sur son torse finement ciselé, les yeux rivés dans ceux de son nouveau compagnon de jeux.

Popper's, dans le placard de l'entrée. Préservatifs dans le deuxième tiroir de la commode, à côté du grand lit. Menottes - si besoin - sous l'oreiller.

Il se passa la langue sur les lèvres afin de les humidifier. Ce soir, il était, comme à son habitude, presque sûr de ne pas repartir tout seul. Au jeu de la séduction, il ne perdait jamais. Et s'il manquait sa proie, alors tant pis, il en trouvait une autre. Mais ce soir, il rentrerait avec lui.

Il se mit à rire. Cela l'avait toujours fait marrer le réflexe "désolé", quand on disait que quelqu'un était mort. Pourquoi serait-on désolé? Nan décidément, ça, c'était un truc qui échappait à Zeke. D'accord, il n'avait pas le même fonctionnement que les autres. Les émotions, c'était très vagues, et certains schémas de comportements lui semblaient absurdes.
Là, c'était absurde.

-Bah, t'y es pour rien, sauf si tu conduisais la bagnole...

Ce qui n'était évidemment pas le cas. Mais comment expliquer? Puis Zeke ne se sentait même pas obligé de s'expliquer. c'était ainsi. Il pensait différemment, ressentait différemment, était un perpétuel alien sur terre. Il n'avait pas à se justifier.

La seule chose qu'il faisait véritablement comme les autres, finalement... c'était de fumer. Il avait pris cet automatisme, et c'était à chaque fois une main sûre, qui portait la cigarette à ses lèvres. Il ne pensait pas du tout qu'un tel geste pouvait être suggestif. Il était à mille lieues de penser que son interlocuteur était un prédateur qui observait ses gestes comme on juge de la qualité d'un nouvel... accompagnement...

La conversation... ou du moins les bribes de conversations, se poursuivit... par les civilités habituelles. Jason Collins. Il se disait mannequin. A bien le regarder, Zeke pouvait voir qu'il avait toutes les qualités nécessaires: taille, stature, charisme. Oui, pas à dire, ce mec était certainement un aimant à filles! Mais comme Zeke ne s'intéressait pas du tout à la mode et toutes ces choses, il ne connaissait rien de Jason... A part un pantalon moulant et un regard hypnotisant.

-Zeke Hutchinson... théoricien.

Cela voulait dire... pas grand chose en fait! Théoricien, OK. Mais théories de quoi? Quel domaine? c'était assez flou... mais Zeke n'avait pas envie de passer une demie-heure à expliquer le sujet de sa thèse à un néophyte. Il n'était pas là pour ça!
*Maudite constante! J'aurai ta peau!*

Il souffla la fumée dans un geste désinvolte, décontracté, sa main, et son poignet, exerçaient un mouvement fluide. Mouvement de celui qui a l'habitude de fumer. Même si c'était un "néo-fumeur"! Il posa sa cigarette au coin des lèvres, et regarda Jason. Il lui semblait... bon, on va dire sympathique. Puis un peu de compagnie c'est mieux que de se poivrer tout seul.

-Bon... On se bouge? Je tiens pas à rester collé toute la nuit dans le brouillard du parc.

Il allait au Blueberry, comme d'habitude. Peut-être que Jason y allait aussi.

Théoricien.

Encore un intello qui ne pensait pas à autre chose qu'aux maths. Mais, le sexe, c'était des maths aussi. Un plus un égalent un. D'ailleurs théoricien de quoi? Jason était loin d'être une tête en maths. Son truc c'était plutôt les boîtes de nuit branchées et les bouteilles de Popper's. Mais bon... chacun son truc comme on dit.

Théoricien.

Il n'avait encore jamais baisé de théoricien. C'était peut-être bien aussi. De toute façon, il se prendrait un petit cacheton avant d'entrer, ça ne lui ferait pas de mal. Zeke Hutchinson. Non pas qu'il en ait eu quelque chose à faire, de toute façon dans une heure, il ne s'en souviendrait plus. Zeke. Sympa comme nom quand même. Pas du tout le nom d'un futur lèche-cul - au sens figuré bien sûr.

Théoricien.

Zeke avait typiquement l'attitude de quelqu'un qui apprend beaucoup des autres. Fumer par exemple. Jason, qui fumait depuis l'âge de neuf ans, remarquait ce genre de choses. Il avait tout de celui qui "imite". Mais peu lui importait tant qu'il se laissait pénétrer. Après tout, avec un petit cacheton, on pouvait tout accepter.

Théoricien.

Lorsque Zeke lui parla de bouger, l'ombre d'un sourire coquin passa sur son visage. On y était. Le moment de refermer le piège.

- Ok, mais faut que je me change avant... dit-il sur un ton détaché. Tu me suis? Je me change et on va où tu veux...

JE vais où je veux...

Ne lui laissant pas le temps de répliquer, il lui passa un bras sur les épaules et l'entraîna avec lui. Ils iraient chez lui, il se désapperait devant lui et ils finiraient par baiser. Il pouvait le jurer. Il ne le laisserait pas repartir puceau. Mais avant, un petit détour pas le Blueberry histoire qu'il colle un peu plus son corps à celui de ce beau jeune homme. Histoire de porter le coup fatal.

Exemple typique... L'intelligence ne faisait pas tout... La bosse des maths ne préparait pas aux choses de la vie. Pour preuve, il avait perdu sa virginité... assez tardivement. Enfin, il n'avait jamais couru après ça. Ces soirées d'adolescents étaient faites de sciences et d'expériences... scientifiques. Rien d'autre ne l'avait véritablement intéressé en dehors de ça. Puis, une fois franchi le cap, il s'était dit qu'il avait été idiot de ne pas s'y être intéressé plus tôt... Enfin... c'est la vie, hein!

Mais là encore, la bosse des maths ne prévoyait pas Jason. Hé non. Zeke était en train de se faire piéger en beauté, un petit puceau perdu et naïf.
...
C'était pas loin de la vérité!

Alors quand il proposa de bouger... Jason sauta sur l'occasion. Mais il devait se changer... *Haaaa, je me disais que c'était pas un pantalon normal* Ouais, quelque part, le cerveau de Zeke était resté collé sur le pantalon moulant qui moulait tellement bien qu'on n'avait pas besoin d'imagination pour se représenter quelques proportions de l'anatomie de Jason!
Il allait enfin enlever ce pantalon hideux qui ne cache rien du tout!
Et il ne croyait pas si bien penser!

-OK, je...

Pas le temps de répondre! Ce Jason était entreprenant. Il était énergique. Il n'était certainement pas du genre à se la couler douce. Enfin, pour ce que Zeke pouvait en juger... Pauvre de lui! Il ne voyait pas encore le piège se refermer sur lui...
Le bras autour de ses épaules ne le dérangeait pas forcément. Il termina sa cigarette, jeta le mégot négligemment, et sortit une autre cigarette, qu'il alluma... après avoir lui aussi secoué le briquet, dans un geste certainement suggestif pour Jason, mais avant tout pratique pour Zeke.

Une appréhension commençait à naître au fond de lui... Cette rencontre, cette allure, ce bras autour de ses épaules... Ils allaient chez Jason, là. Il y avait un certain danger...
Merde...
Mais la vie était faite pour être vécue, non? Aussi Zeke n'écouta-t-il pas son alarme intérieure. Il avait autre chose à faire que réfléchir. La nuit, il voulait oublier.

Mais bon, cette appréhension ne lui disait en rien ce qu'il allait se passer. Il savait juste qu'il y avait, normalement et dans la vie de tous les jours, un certain danger à suivre un inconnu. Et s'il était tombé sur un psychopathe cannibale? Allez savoir? Il tira sur sa cigarette, laissa la fumée emplir ses poumons...

Alors qu'ils marchaient droit vers l'appartement de Jason...

Victime consentante sans même le savoir...

Jeu.

Alors qu'ils marchaient ensemble sous la lune pâle, Jason savourait déjà le moment où ils seraient ensemble, au lit. Il avait réussi ce qu'il avait entrepris. Comme toujours, il avait trouvé la technique, LE truc qui faisait tomber les hommes dans ses bras. Evidemment, il gagnait toujours. Au jeu de la séduction, il ne perdait que très rarement. Il avait ce charisme certain qui attirait le monde à lui. D'un sourire, il aurait pu conquérir le monde.

- Alors, tu as quel âge? demanda-t-il, réfléchissant à toute vitesse pour retrouver son nom.

Oublié. Il avait déjà oublié son nom. Ca n'avait pas une grande importance mais cela pourrait lui être utile durant la soirée. Par exemple lorsqu'il voudrait lui murmurer quelque chose à l'oreille au moment de l'extase, en lui caressant les cheveux et en le serrant contre son torse nu. Mais bon, tant pis...

Après tout, il oubliait le nom de tous ses coups d'un soir. Parfois même, il ne le connaissait même pas et ne prenait pas la peine de le demander. Une fois qu'ils sortaient de son appartement, après avoir déjeuné et remis le couvert sous le douche, ils disparaissaient à jamais de sa vie.

Set.

Il fallait absolument mettre le jeune homme en confiance afin qu'il ne résiste pas s'il était hétéro. Après tout, il n'y avait aucune honte à se donner à un inconnu. Mais Jason pensait ça parce qu'il était de la bonne orientation sexuelle et du bon côté des fesses. Mais en général, personne ne se plaignait d'une nuit passée avec lui. Bien au contraire. Tous insistaient pour qu'il les rappelle. Ce qu'il ne faisait jamais.

Une fois qu'on a couché avec un mec, on sait tout ce qu'il y a à savoir sur lui...

C'était sa devise. Celle qui régissait tout son modus operandi. Il n'y avait aucune raison qu'il soit québlo sur les remords ou les regrets. Il passait du bon temps et c'était tout. Inutile se compliquer la tâche à faire entrer en jeu des sentiments. Ca faisait souffrir plus qu'autre chose. Bien sûr, pour les amis, c'était différent. Les amis tenaient une place importante dans sa vie.

Et match.

Alors qu'il portait une nouvelle cigarette à ses lèvres, il demanda son briquet au jeune homme. Le bras qui était sur ses épaules descendit afin d'entourer sa taille durant quelques secondes avant qu'il ne s'empare dudit briquet.

Grillé, foutu, piégé... ou bien piégé, grillé, foutu... Allez savoir... Mais c'était une réalité... Zeke s'était fait avoir... et la soirée ne faisait que commencer. Bien entendu, il se savait hétéro. Jamais il n'avait regardé un mec avec intérêt. Déjà, regarder une fille, c'était auparavant étrange. Pas qu'il ne les aime pas... Seulement qu'il n'avait pas le même fonctionnement; le même schéma de pensée.
Mais bon au fond... que savait-il sur lui-même, lui qui ne connaissaient pas véritablement les sentiments? Tomber amoureux? C'était aussi probable que de construire une machine à remonter le temps avec un porte et deux pinces à linge. Il était logique, pas émotionnel. Bien souvent, dans on enfance, on l'avait appelé "Freak", à cause de son indifférence au monde qui l'entoure. C'est clair que regarder un accident de voiture, un mec crever, et s'en aller en haussant les épaules quand on est petit garçon, ça dérange les autres. "Pas de cauchemar?" Non... Aucunement.

La seule véritable attache émotionnelle était sa famille... Adoptive certes, mais famille. Le lien s'était construit lentement, mais sûrement. Et à présent qu'il était orphelin, il se rendait compte que quelque chose clochait, qu'il y avait comme un vide, comme un manque. Pourtant, ses parents n'étaient plus là pour lui foutre la pression!

Il était comme ça. C'était ainsi qu'il avait pu mener presque à terme un doctorat de physique, avant 23 ans. Les autres n'étaient que des données. Ou presque.
Parce qu'il avait fini par découvrir le monde... et ses jouissances. Et si jouissance il y avait, aucun sentiment ne venait troubler le plaisir. Il n'avait peut-être cette fonction dans son cerveau.

Pour le moment, c'était le jeu. Avec un inconnu. Et il ne parvenait pas à avoir peur. Il commençait bien à se douter de quelque chose...
Il fut interrompu dans ses pensées... Vu qu'il avait l'air d'un gosse, Jason lui demanda son âge.

-23. Et toi?

Purement pour faire la conversation. Il n'était pas forcément intéressé par l'âge de Jason. Il n'était même pas forcément intéressé par Jason en lui-même. Il voulait seulement tuer le temps...
Il s'alluma une autre cigarette. Cela devenait plus un automatisme qu'une réelle addiction.

Et le prédateur attaqua. Le briquet. Allumage. Dans tous les sens du terme. On n'allumait pas que les cigarettes là. Et le bras autour de sa taille lui confirma ses quelques doutes... Jason le voulait lui. Il était peut-être un Freak, un alien, mais il n'était pas totalement idiot...
... Et alors?

On ne peut pas dire qu'on aime pas tant qu'on n'y a pas goûté, n'est-ce pas? C'est comme les légumes, hein... On ne peut pas dire qu'on aime pas les poireaux tant qu'on n'a pas essayé...

Il récupéra son briquet et le rangea dans sa poche. Laisser aller. Oublier. Il décida de ne rien faire... De se laisser guider. Il avait le bon état d'esprit pour ça, d'ailleurs...

Aïe.

La question qui tue. Son âge. Ouh qu'il n'aimait pas ça! C'était difficile quand on était complexé par son âge. Bientôt trente ans. Il se faisait vieux. Surtout pour un jeunot comme lui. Mais bon, vingt-trois ans, ça allait encore.

Jason reprit la pièce de théâtre de la séduction dont il était le protagoniste principal. Une fois qu'il eut terminé d'allumer sa clope, il repassa son bras autour de la taille du jeune homme. Zack? Jack? Pete? Nick? Il ne savait plus. Mais bon, là n'était pas l'essentiel.

- Tu me donnes quel âge? demanda-t-il avec un sourire, tournant le tête vers le doux visage de son compagnon.

Gagné.

Oui. Il avait gagné la partie, enfin. Et alors qu'il en prenait conscience, il se permit un sourire radieux. Il allait passer une nuit de folie avec un amant des plus intéressants. Un théoricien. Chose qu'il n'avait pas encore à son palmarès. Mais à vrai dire, de qui importait le plus, c'était la façon dont il se servirait des outils... des deux outils.

Les mathématiciens étaient minutieux, c'était bien connu. Alors il serait sûrement doué. Restait à savoir s'il serait ouvert à ses propositions. Mais ce serait bien quand même.

Alors qu'ils marchaient ensemble, Jason exerça une petite pression sur la taille du jeune homme pour l'inciter à le suivre dans un virage. Puis, il descendit encore un peu sa main pour tâter du fessier. Ouh que c'était intéressant tout ça! Il aurait de quoi faire.

Echec.

Le lendemain, jour nouveau, serait merveilleux pour ce jeune homme qui aurait passé une nuit des plus agréables. Les dés étaient jetés. Jason se donnerait sans compter, comme il avait l'habitude de le faire, sans pour autant le laisser voir et comprendre son intimité.

De toute manière, son appartement lui ressemblait beaucoup. Il ne dégageait aucune émotion. Rien. Jason serait le seul maître à bord. Toute la nuit était déjà réglée dans sa tête.

Et mat...

Difficile de donner un âge à quelqu'un... c'était très aléatoire... pendant longtemps, par exemple, Zeke avait ressemblé à un jeune ado. Heureusement qu'il avait fini par grandir... à croire que la précocité intellectuelle avait engendré chez lui un retard de puberté!
Il pouvait parler de théories physiques, mais alors donner un âge...

-Heuuu bah... Je vais dire entre 25 et 30.

En haussant les épaules, pas vraiment convaincu. Mais qu'importe... Dans cette conversation passionnante rempli de silences pas bien éloquents, ils tournèrent au prochain virage...
En parlant de virage, la main de Jason descendit sur son fessier... Qu'importe. S'il avait encore un doute sur les intentions du jeune homme, il venait de s'envoler. C'était clair maintenant... Jason voulait son cul, point final!

Mais bon... n'était-ce pas du divertissement? N'était-ce pas ce qu'il avait recherché? Se changer les idées... Une partie de jambe en l'air, ça lui allait parfaitement... Après, si c'était avec un mec... Une nuit de baise restait une nuit de baise, pas de panique! Et puis en bon scientifique, il était curieux. Si ça se trouve, il aimerait même ça. Et s'il n'aimait pas... bah ce ne serait pas la mort! Puis au moins, il sera fixé! Cela marche comme ça, la physique... Faut expérimenter avant de tirer des conclusions. Après la physique des particules et la physique des cordes...

... La physique des corps.

Ils arrivèrent en vue d'une rue assez classe... de toute manière Trivialle était une ville de gens friqués, qu'ils soient bobos, jet-set ou magnats de la presse...
C'était assez marrant, parce que Zeke habitait à peu près à l'opposé, par rapport au parc. Cela faisait presque une belle symétrie.
C'est bien, ça la symétrie, ça rassure.

Enfer

Alors comme ça, Jack, ou Zack, ou Nick, lui donnait entre 25 et 30 ans! Autant vingt-cinq, ça lui avait plus, autant trente, ça lui foutait un coup sur le coeur. Sa main droite, toujours posée sur les fesses du petit, se crispa un peu. Non! Il n'était pas vieux. Et il le lui prouverait.

- Tu as une petite amie? demanda-t-il innocemment.

Autant changer de sujet pour éviter de lui donner son âge réel. Il avait trop honte. Mais après tout, pour son âge, ses aptitudes sexuelles étaient plutôt bien conservées. Il n'avait pas vraiment à se plaindre. Il n'était pas non plus incontinent et grabataire.

Certes, cette conversation puérile s'avérait totalement inutile - eu égard que personne ne prêtait réellement attention à ce que disait l'autre - mais elle avait au moins le mérite de ne pas laisser de blancs et d'éviter que Machin remarque son comportement.

Luxure

Le programme de la soirée était clair. Une fois arrivé chez lui, Jason retirerait sa chemise, prendrait une bière dans le frigo en invitant son ami d'un soir à se mettre à l'aise puis lui proposerait quelque chose à boire. Jason prendrait un cacheton ou un coup de snifette et, là encore, en proposerait à son compagnon de jeux. Enfin, il enlèverait le reste de ses fringues en intimant à l'autre de faire la même chose.

Ce qui viendrait ensuite serait en fonction de l'humeur de Jason et des envies de Machin. Soit ils la joueraient cool et sage, soit ils la joueraient porno et sauvage. Jason le troncherait une première fois, puis ils discuteraient un peu, avant de recommencer et ainsi de suite, toute la nuit. Au réveil, ils déjeuneraient ensemble puis prendraient une douche avant de disparaître chacun de la vie de l'autre.

Ca se passait toujours comme ça! Jason avait ses habitudes. La conversation qui suivrait la première phase post-coïtale serait plus profonde que celle qu'ils avaient actuellement. Baiser créait des liens. Ils échangeraient comme s'ils avaient toujous été amis, avant de se séparer à jamais, chacun portant les secrets profonds de l'autre. Comme chaque nuit, durant la conversation, Jason le prendrait dans ses bras et lui caresserait le creux des reins, les yeux rivés dans les siens, comme s'ils étaient un vrai couple.

Une petite amie? La bonne blague!!! Allez, redemande un peu, qu'on se marre! Zeke avait bien compris le petit manège de Jason, et cela lui convenait. Avec son tempérament, il n'aurait pas envie, il s'en irait en courant dans la direction opposée!
Enfin... question amusante...

-... Je crois que j'ai pas tous les neurones, pour ça!

Il faisait preuve d'une drôle de clairvoyance sur lui-même... c'était peut-être ça l'avantage de ne pas avoir trop de sentiments en stock, on pouvait voir, sans être vraiment influencé par un ressenti. Il savait très bien qu'il était différent. Puis les psys l'avaient bien dit aussi!

-... Bon... Je te demande pas si t'en as une hein...

Un petit sourire... De victime, finalement, il devenait complice... complice d'une soirée où de toute manière, il le sentait bien, il ne serait maître de rien. Qu'importe... La nuit précédente, avec son taux d'alcool dépassant son taux de sang, il n'avait rien contrôlé du tout avec cette fille... Il se souvenait seulement de... bah pas grand chose en fait! Le comble pour un homme avec une mémoire photographique.
C'est ce qu'on appelle Le Pouvoir de la Bière. Ou de l'alcool en général. On parvient à se lâcher... et à tout oublier. Bien pratique...

... ou pas... Parce que quand même, il aimait bien se souvenir de ses instants de jouissance, nom d'un quark collisionné!

Il jeta son mégot et souffla la fumée. *J'aurais dû regarder un porno gay avant de sortir, histoire de me faire une idée...* Mais dans sa maigre collection, il n'y avait que de l'hétéro en rut. Bon, bah, on va dire que c'est une découverte en direct live hein!
Mouahahaha... L'esprit scientifique et logique de Zeke. Bizarre ce mec quand même...

Il tourna la tête vers Jason et lui sourit. Aucun sentiment. Il espérait que Jason ne soit pas du genre à s'attacher... Parce que Zeke était plutôt adepte des one night-stand... Des régulières pourquoi pas, mais quand y'a des sentiments, pauvre filles, c'est jamais réciproque! Elle se faisaient jeter sans ménagement... Zeke manquait singulièrement de diplomatie...

Sentiments

Ce mot n'avait qu'une piètre signification pour Jason. Pour ses amis, il avait quelques sentiments. Mais c'était tout. En réalité, la seule personne qui l'intéressait réellement... c'était lui! Après tout, il n'y avait pas mieux que lui pour s'occuper de lui. Et ce soir-là, s'occuper de lui signifiait baiser Jake, ou Nick, ou Blake. C'était simple, direct, évident. A la tentative d'humour de Machin, Jason afficha un sourire amusé.

Les paroles du jeune homme prouvèrent qu'il ne manquait pas tant de neurones que ce qu'il voulait bien faire croire. En réalité, il avait bien compris le petit jeu de Jason et il s'y laissait volontairement prendre.

- T'as raison, c'est pas la peine, répondit-il tout en lui dévorant le cou de baisers.

Ils venaient de passer devant un groupe de jeunes femmes qui regardèrent le jeune homme de travers en lui lançant quelque chose qui ressemblait à "espèce de veinard". Alors Jason avait voulu les dégoûter encore plus. Ca l'amusait!

Complicité

Si tu as compris les règles du jeu, alors tu vas jouer avec moi...

Jason se saisit du bras du jeune homme en l'enroula autour de sa taille, posant sa main sur ses propres fesses. Voilà! Maintenant, tout le monde saurait ce qu'ils prévoyaient de faire. Si Jack, ou Jake, ou Drake, avait décidé de le suivre en toute connaissance de cause, alors il devrait respecter les règles du jeu. Jason faisait ce don il avait envie. Rien que ça.

- T'es puceau? demanda-t-il sans tabou, sans gêne.

Après tout, s'ils partageaient leurs semences une nuit entière, Jason pouvait bien se permettre d'être indiscret.

Partage

C'était agréable, il n'y avait pas à dire. Se balader à deux, par une douce nuit, à parler de tout et de rien. Ca faisait monter l'envie. Une irrésistible envie...

Qu'ils partageaient apparemment. Il était toujours amusé de voir comme les gens, autour de lui, regardaient ses coups avec envie. Ce jeune homme serait bientôt célèbre, juste parce que Jason se serait introduit en lui. Le sexe avait un pouvoir immense, au moins autant que l'alcool ou la drogue. A ceci près que le sexe avait également le pouvoir de lier ou délier deux êtres. Mais légal, ou illégal, à deux, ou à bien plus, il restait toujours aussi bon.

Humour. S'il y avait quelque chose qui rapprochait Zeke du commun des mortels, c'était peut-être ça. Il aimait bien rigoler et faisait preuve en ce sens d'un bon esprit... quand il n'analysait pas bêtement la blague pour la démonter avec ses théories scientifiques... Bon, c'était exagéré, mais avant de discerner l'humour du premier degré, il en avait bavé, durant son adolescence... à tout considérer comme argent comptant, et ainsi traiter ses "amis" d'idiots... Heureusement, pour ça, il s'était arrangé. A croire que trainer avec des rats de labos qui avaient un cerveau "normal", ça remettait les pendules à l'heure et apprenait la vie.

... traîner avec des inconnus, et les observer aussi.

... coucher avec aussi.

Tout est question d'apprentissage, et bien évidemment de ce qu'on en retient.
Néanmoins, il sursauta quand Jason l'embrassa dans le cou sans prévenir, alors q'ils croisaient une bande de jeunes femmes...

*Tiens, j'ai couché avec les deux dernières... * Il se souvenait vaguement leurs visages... mais pas vraiment leur nom. Rha... nan puis en fait, il s'en moquait!

Jeu. Jason était joueur, et certainement manipulateur. Mais bon, Zeke avait accepté les règles en le suivant. Il avait mis du temps à décoder les intentions du jeune homme, mais une fois fait, il s'était dit que c'était une expérience à tenter. Aussi joua-t-il le jeu...

La main sur la fesse...
Et ça recommença. Analyse. Comparaison. En général, les filles étaient déjà dévêtues quand il y avait accès... Douceur, excitation, tout ça. Analyse. Forme, fermeté, potentiel douceur et tout le toutim. Zeke dut admettre que Jason avait un popotin au fort potentiel.
On verrait après pour la vérification.
En général, les attirances physiques, tout ce petit manège et tout ce qui s'en suivait, étaient régis par des particules chimiques, des phéromones...

Encore une fois coupé dans son analyse... par une question indiscrète. Enfin indiscrète quand on en a quelque chose à faire!

-Bah ça dépend. Avec les mecs ouais. Avec les filles pas vraiment....

On ne pouvait être plus exact... Avec une nouvelle fille quasiment à chaque sortie, il était loin du puceau, côté hétéro. Pour l'autre côté... Hé bien... Ce serait sa première fois.
Quel effet ça faisait?

Curiosité. Excitation. La nouveauté avait ceci d'attirant, d'exaltant. En plus, pour une première fois, il aurait pu tomber bien pire... Parce que Jason était loin... très très loin d'être un thon. Bien entendu, c'était une remarque bizarre. Zeke analysait souvent les particularités, les symétries, asymétries, avant de dire que quelque chose lui plaisait. Mais bon, pour les filles, c'était assez différent. Il savait qu'une fille lui "plaisait" quand il avait envie d'aller plus loin, d'approfondir les choses, on va dire.
Curiosité, excitation.

Viens

Fort potentiel pour le popotin de Jason, soit. Mais il avait toujours dit que rien n'entrerait dans ce popotin. Jason n'aimait pas vraiment ça. Il avait beau être gay, il était plutôt du genre trempeur. Mais bon, ce jeune homme en aurait pour son argent, même s'il n'avait pas besoin de payer.

Jason l'attira un peu plus contre lui alors qu'ils abordaient son quartier. Ce soir, Jake ou Zack, ou Blake, était avec LUI. Et personne d'autre. Sauf si un beau gosse voulait se joindre à eux. Ce soir, Machin était à lui. Rien qu'à lui. A lui tout seul. C'était assez étrange mais, lorsqu'il ramenait un coup chez lui, il devenait possessif et jaloux. Il agissait comme s'il lui appartenait.

C'est le cas, même pour une soirée...

- C'est bien si tu es seul, se surprit-il à dire. Tu ne trompes personne au moins...

Non pas que la tromperie dérangeait Jason en quoi que ce fût, mais parfois, il arrivait que des mecs aient des états d'âme après avoir couché avec lui. En général, ils lui en parlaient. Et lui, bah ça le saoulait.

Entre

Ils approchaient de sa rue. L'instant fatidique approchait. Jason lui désigna son immeuble du doigt.

- C'est là! dit-il gentiment.

Jason habitait au dernier étage. Il occupait tout l'étage d'ailleurs. C'était bien, cela prendrait un peu plus de temps. Il termina sa clope et jeta le mégot par terre. Avant de monter, il avait quelques petites choses à faire. Il pivota pour faire face au jeune homme, le ramena contre son torse, un bras enroulé autour de sa taille, puis plongea son regard dans les yeux magnifiques de Machin.

Il déposa d'abord un petit baiser sur ses lèvres. Lorsqu'il se recula, ses yeux étaient toujours perdus dans ceux du jeune homme qui lui faisait face. Finalement, il s'avança de nouveau pour lui donner un baiser plus langoureux, sa langue venant caresser amoureusement celle de l'autre. Son étreinte se resserra. Lorsqu'il s'en détacha enfin, il colla son front contre celui du jeune homme.

- Tu veux entrer? demanda-t-il à demi-voix.

Tromper quelqu'un... ça existait ça? Zeke ne pouvant entretenir une véritable relation, il n'avait pas à s'inquiéter de tout ça. Tromper. Encore une belle blague, tiens. C'était bien utile, de ne pas avoir trop de sentiments en réserve. Cela évitait les prises de tête. Enfin, les autres lui prenaient parfois la tête... comme cette fille qui y avait cru. Le lendemain, il avait demandé si elle rentrait à pied ou s'il lui appelait un taxi. La pauvrette s'était fâchée avant de pleurer comme une madeleine, en le traitant de tous les noms.
"Hé, j'ai jamais dit que je voulais autre chose, moi! Pas ma faute si tu te fais des films!"
Et paf, une gifle monumentale, un adieu mélodramatique, comme quoi elle ne voulait plus jamais entendre parler de lui... Oh bah ça ne risquait pas, hein! Il ne se souvenait même pas de son nom! Bref... A part ça, calme plat. Les plus sympas, en fait, étaient les filles faciles, et les prostituées. Les premières s'amusaient, les secondent gagnaient leur pain. Pas de chichis, pas de sentiments, basta!

Et vu comme Jason fonçait sur ses proies, il ne devait pas être de ceux qui draguent en rêvant de l'âme sœur. Quelle horreur... encore une faute de goût, ça, les comédies romantiques!

Ils étaient arrivés presque devant chez Jason.

-Sympa, l'immeuble.

Vu la classe du quartier, il se doutait bien que l'intérieur devait être luxueux.
Ils avancèrent encore puis...

Test. Le baiser. Première marche dans l'escalier qui mène à l'orgasme. EN général, les autres marches se gravissaient facilement si la première était passée sans encombre. Du moins, c'était comme qu'il fonctionnait. Le premier baiser était très bref.

Zeke allait parler quand Jason le galocha dans les règles de l'art. Corps contre corps. Il se laissa embrasser, analysant encore...
Un travers de Zeke, vous ne pourrez y échapper, faut qu'il analyse tout. De l'humidité à la douceur des lèvres, à la fermeté de la langue à... Bref, tout passait au crible de son cerveau analytique.
Ce Jason, somme toute, savait y faire. Cela promettait pour la suite.

Il n'avait pas calculé que c'était un baiser avec un mec. Il sourit. C'était amusant, tout ça.
Front contre front, Jason lui demanda s'il voulait entrer.

Petit sourire narquois, goguenard. Il posa sa main sur la nuque de Jason, et l'attira à lui pour l'embrasser en retour.
Jeu.

-A ton avis?

Proximité

- A ton avis?

Vu comme Machin venait de l'embrasser, sûr qu'il voulait monter. Jason le serra un peu plus fort contre lui, comme s'il avait peur qu'il s'échappe. Sa main caressa la joue du jeune homme alors que leurs lèvres se cherchaient. Délicatement, Jason pressa une main sur ses fesses puis l'embrassa à nouveau, plus longtemps, plus passionément.

Il savait y faire. Il embrassait bien. Une main posée sur la joue du jeune homme, Jason continuait à l'embrasser, tendrement cette fois. Rien de tel pour faire monter le désir. Finalement, il fit courir ses doigts sur le torse de Machin avant de séparer leur lèvres, comme s'il mettait fin brusquement à une connexion.

Désire

S'il ne s'était pas retenu, Jason l'aurait sauté ici, sur place. Mais bon... peut-être que ce jeune homme ne désirait pas qu'on le voit se taper un autre mec en pleine rue. Alors que Jason cherchait ses clés dans sa poche, il déposa un nouveau baiser dans le cou du jeune homme.

- Alors on y va, souffla-t-il à l'oreille de son amant.

Jason ne se ferait pas prier. Zeke était entré dans son jeu, car c'était comme ça qu'il s'appelait. Jason venait de s'en rappeler. Le baiser dont le jeune homme avait pris l'initiative venait de le lui redire. Jason ouvrit la porte d'entrée. Il montra à Zeke le panneau d'interdiction de fumer. Dans l'appartement c'était différent bien évidemment.

La curiosité est un vilain défaut... qu'il faut absolument assouvir. Maintenant que la curiosité de Zeke était attisée, il fallait maintenir le brasier... quand il aurait sa réponse à sa question, il pourrait éteindre le feu, en attendant, hein... Tel un chercheur dans un accélérateur à particules, en train de chercher des traces de gravitons pour étayer sa thèse, Zeke se laissait emporter par l'enjeu.

Et le faisait savoir.
Et Jason comprenait vite. Très vite. Dans ce genre de situation, où le langage du corps prenait le dessus, il n'était normalement point besoin de décodeur et de traducteur. De A à B sans détour, paf. Tu veux monter? Ouèp.
Facile.
Plus facile que la théorie des cordes.

Une fois entrés dans le bâtiment, Jason lui désigna le petit panneau "interdit de fumer". Mouah! Pas besoin de briquet dans les escaliers, Zeke était déjà allumé.
Il suivit Jason en silence. Excitation, cette fois teintée d'une petite appréhension. Mais c'était ça aussi les expériences. On ne sait jamais si ça va aboutir même si on fait tout comme il faut. Mais quelque chose lui disait que Jason ne fonctionnait pas comme un accélérateur à particules.
Oui, Zeke. Les êtres humains sont des êtres VIVANTS pas des machines branchées sur 220V...

Une fois arrivés devant la porte de l'appartement de Jason, il y eut un silence. Non pas qu'ils aient été particulièrement bruyants, mais ce silence là était encore plus palpable. En fait on pouvait entendre les bruits internes. Un cœur qui bat dans une cage thoracique. Machinalement, Zeke porta une main à son cœur, et le sentit battre. Cela battait vite. Il sourit. C'était comme avec les autres filles... Désir purement sexuel.