Un jour ordinaire pour une fille ordinaire...

Cours de Français avancé... La barbe. Wendy avait beau sortir tout droit de sa belle Angleterre, elle était quasi-bilingue. Sa mère adorait la France et l'avait forcée à prendre cette langue en option dès son plus jeune age. Pourtant, c'était la première fois que le jolie British mettait le pied sur la terre au berret.

Et l'avait regretté aussitôt... Il fallait que son correspondant soit Ruby Sheperd ... RUBY SHEPERD ! Rien que de penser au jeune homme lui donnait la nausée. Remarquez, il avait comprit très vite qu'il ne vallait mieux pas qu'il l'approche, ce qu'elle appréciait grandement.

L'Université, royaume d'une bande de beautés qui ne se mêllait à personne... God Save The Queen ! Il y avait une justice dans ce bas monde ! Pas besoin de supporter la beauté des autres ! Finallement Trivialle avait de bons côtés.
Elle sortit de cours, déambullat dans les couloirs, ses boucles se mouvant au rythme de sa marche. Elle ne faisait pas tâche parmis les étudiants... c'était une fille normale, habillée chic. Elle n'avait pas besoin d'un stupide uniforme pour passer inapperçue, être comme elle est ... c'était fort appréciable.

Elle posa ses yeux sur sa montre certie de diamants, le seul bijou hors de prix qu'elle s'autorisait à porter. Une seconde d'inattention, c'est ce qu'il lui fallut pour bousculer quelqu'un.

"Oh ... I'm... Uhm... Pardon."

Les réflèxes étaient cependant encore là, elle dû chercher ses mots pour s'excuser, et leva les yeux vers la pauvre victime de son geste.

[Aww j'étais bien inspirée ^^]

Un claquement sec retentit, qui résonna aux oreilles du jeune homme comme l'annonce d'un cataclysme terrifiant.
...
- Naaaaaan !!

Shun porta sa main à son visage, totalement dégoûté. Pourquoi fallait-il que la corde de sa guitare lâche brusquement ? Et surtout, pourquoi fallait-il que ça arrive le jour où il avait perdu toutes celles de rechange ? Qui plus est quelques temps avant l'enregistrement d'un cd, de leur cd, à lui et son groupe. Maudit pensez-vous ? Il était en cet instant totalement d'accord...
Il avait quelques autres instruments mais cette guitare, comment dire, était SA guitare fétiche. Le premier instrument qu’il s’était acheté lui-même, une guitare acoustique qui l’avait en quelque sorte vu grandir. Et puis elle se démarquait forcément des guitares électriques, avec en plus des dessins bien particuliers l’ornant, souvenir d’un vieil ami de son pays natal.
En d'autres termes l’avoir mise hors service lui tapait légèrement sur le système.
Qui aurait bien pu le dépanner ? Personne évidemment, il lui faudrait dés qu’il le pourrait faire un saut en ville et prier pour que la boutique habituelle ai ce qu’il lui fallait.
Le jeune asiatique fit la grimace en effleurant son instrument, détaillant la corde traîtresse qui s’était brisée.

Bon réfléchissons… il avait cours là ? D’après ses souvenirs oui. De quoi ? Il n’en savait rien et s’en fichait royalement. Tout ce qui comptait maintenant c’était de réparer son instrument qui ainsi lui paraissait incroyablement et effroyablement mutilé.

- Et haut les cœurs…

Shun se leva et soupira, sa guitare à la main. Il la rangea soigneusement dans son étui et le hissa sur son épaule, à côté de son sac à dos. Le moment était peut-être bon pour aller faire réparer l’instrument ? De toute façon il savait parfaitement que même s’il se rendait en cours il n’apprendrait rien… ou plutôt ne retiendrait rien.
Aussi se dirigea-t-il vers la sortie, la tête ailleurs. Ce qui ne lui réussit pas vraiment, car si il vit la jeune fille avancer tête baissée vers lui il fallut un moment à son cerveau pour réagir et ordonner à son corps de l’éviter. Et bien entendu, il était un peu tard quand celui-ci opéra.
Il se paya donc généreusement la nouvelle arrivante et rattrapa de justesse l’étui qui avait glissé de son épaule.

"Oh ... I'm... Uhm... Pardon."

I’m ? De l’anglais si le jeune homme ne se trompait pas.

- C’est rien, je ne faisais pas attention non plus.

Il s’apprêtait à prendre congé quand une voix familière l’interpella, lui arrachant une grimace.

- Hey Shun mon vieux ! T’as une minute j’ai quelque chose à te montrer tu va ador…
- Eeeet nan désolé je suis TRES occupé je dois...

Coupant la parole au grand garçon qui s’était approché, un large sourire étirant sa bouche démesurée, l’asiatique sentait presque son cerveau frôler la surchauffe tandis qu’il cherchait désespérément une excuse.

- … Je dois m’occuper de cette charmante étudiante étrangère, elle vient d’arriver. Une autre fois peut-être !
- Depuis quand tu… ?

Mais déjà Shun avait fait volte place, attrapant l’inconnue par le bras avant de l’entraîner à toute vitesse à l’opposé, s’attirant quelques regards intrigués.
Sans ralentir il tourna la tête vers elle et articula un « désolé » avant de murmurer avec un regard suppliant :

- Fais comme si tu me connaissais je t’en supplie, j’ai aucune chance de me débarrasser de lui sinon…

Il tourna à l’angle d’un couloir et continua sans lâcher la jeune fille, visant la sortie où il s’arrêta enfin, espérant qu’il n’aurait pas à affronter maintenant les foudres de celle-ci.

- Pfiou, je crois qu’on l’a semé…

Elle avait relevé ses sombres iris, car l'être qu'elle avait bousculé était étonnamment grand. Lentement, elle eut accès à son visage, puis à deux yeux en forme très amandière. Le tout prit relief dans son esprit, la bouche de l'inconnu se mouva parfaite, comme ses pommettes, ses traits fins, ses cheveux parfaitement lisses, son teint uni, son expression ...
Son estomac se tordit, oh oh ... elle connaissait cette réaction. La personne face à la petite British était d'une beauté sans pareil, à Londres il y avait des asiatiques, mais celui-ci était particulièrement ... elle n'eut pas le temps de chercher un mot pour le qualifier que la bile envahissait déjà sa bouche. Elle n'entendit pas la seconde personne, elle suivit juste le regard de la beauté vivante et se retourna, une échappatoire au calvaire qui survenait. Elle loua la présence de cet étranger, parfait étudiant banal, un poils boutonneux comme elle les aimait, le genre de garçon qu'elle pouvait regarder sans avoir une subite envie de vomir. Elle ouvrit la bouche, pleine d'espoir, mais on l'attrapa par le bras pour l'entrainer. C'était la beauté exotique, elle crut sentir une décharge électrique traverser son corps, mais il était trop fort pour qu'elle se débatte. Elle retrouva l'usage de son ouïe et entendit les paroles de l'asiatique ... il avait une voix mélodieuse, comme un chanteur, bien que pressé et suppliant. Il avait besoin d'elle. Tout ce qu'elle avait à faire c'était se taire et se laisser faire. Son esprit rebelle avait envie de le planter là, mais elle envisagea les choses sous un autre angle... Si elle faisait ce qu'il voulait alors il la laisserait tranquille, elle ne le recroiserait plus.

Son corps mince se laissait entrainer au coin du mur. Elle avait prit soin de ne pas regarder l'étudiant, se concentrant sur ses pieds. maladroite, il valait mieux qu'elle sache où elle mettait les pieds.
Ils l'avait semé.

"Pourquoi l'éviter ?"

Une question qui piquait sa curiosité. Elle prenait bien soin de ne pas le regarder, ou sinon la nausée allait revenir.

Non, elle s’était tenue sage toute leur marche durant. Elle ne pouvait pas se mettre en colère de toute façon, cela la forcerait à regarder la personne et à ouvrir la bouche pour parler. Wendy savait parfaitement ce qui arrivait lorsqu’elle était dans cette situation : elle rendait tout son repas précédent sur la personne en face d’elle. Ca lui était arrivé une ou deux fois à l’école, depuis, elle se résignait à rester d’un calme olympien, et de s’énerver après sur un autre, beaucoup moins beau ou des fois contre un domestique. Mais depuis qu’elle était arrivée à Trivialle, son seul défouloir était son oreiller qui prenait ses coups de poings, ses ongles, ses morsures et ses hurlements accompagnés par son visage. Souvent le reste de son lit recevait les coups de pieds frénétiques de la petite Anglaise qui n’en pouvait plus de vivre avec Ruby. Car même s’il prenait soin de ne pas trop rester dans son champ de vision, intelligent se devait-elle d’avouer, elle ne lui avait rien dit mais lui avait vite comprit qu’elle n’était pas franchement à l’aise avec lui dans les parages… Mais cela ne changeait rien au fait qu’elle vivait chez lui et qu’elle était constamment entourée, embaumée dans cette beauté. Beuw… Pas facile tout les jours de garder son petit déjeuner au ventre lorsque l’on croise par mégarde un Apollon sortant de sa douche en peignoir…

«D’accord.»

Avait elle répondu en regardant ses chaussures qu’elle trouvait de plus en plus sales. Pour ne pas se mettre en tête d’en acheter une autre paire, elle se mit à contempler ses ongles. Il était absolument hors de question qu’elle recroise son visage, ne faisant même pas attention aux vaines tentatives qu’il faisait pour capter ses yeux bruns. Ces dernière glissèrent sur le côté, vers le couloir qu’ils venaient de quitter.

« Non, j’ai terminé pour la matinée. »

Et pour le moment elle n’avait qu’une envie … s’enfuir vite d’ici !!! La journée n’avait pas si mal commencé pourtant… Et bien non … Holly Crap ! Elle devait tomber sur un des « maîtres » de cette école, une des beautés divines de la ville.

« Je suis Anglaise… de Londres. Je suis correspondante d’un étudiant d’ici. »

Un étudiant… oui, Wendy avait très vite apprit à ne pas parler de Ruby. Elle se souviendrait toujours du premier jour où elle avait dit qu’elle était sa correspondante et donc qu’elle vivait chez lui… Il fallait voir la tête de la fille à qui elle en avait parlé ! Un mois durant elle l’avait harcelée pour se faire inviter. Elle avait dû dire que c’était un canular pour qu’elle arrête.
Tsukiyo… un nom qui lui disait quelque chose. Un « fils de » en tout cas.

« Wendy Reeder. »